La performance ! peut devenir le dada de doux dingues ! En réponse à l’éducation, aux sollicitations du système, de l’entreprise, d’une organisation et surtout de ses croyances … les doux dingues peuvent donner le maximum d’eux-mêmes jusqu’à y laisser leur peau et au pire pour certain(e)s vont jusqu’à porter atteinte à la santé d’autrui en exigeant des autres la performance dont ils ne seraient pas eux-mêmes capables de réaliser.
Tous doux dingues de la performance
La nature biologique de l’Homme est d’être performant, sur un temps limité, quand cela lui est vital, nécessaire à l’accomplissement d’un besoin ou dans le jeu, la créativité. Le reste du temps s’il doit maintenir un état de performance c’est qu’il en est contraint, tel les esclaves, les enfants en classe … ou que son conditionnement mental, ses croyances ! le persuadent dans ce schéma de la performance économique au travers duquel il nourrit une posture de sauveur et un besoin de reconnaissance, d’amour.
Dés lors que nous devons accomplir quelque chose de façon répétitive et sur une longueur de temps sans avoir notre mot à dire, sans notre libre arbitre, il ne peut y avoir de performance optimum et pérenne.
Selon son niveau de croyance sur la notion de performance la personne peut développer un véritable vecteur d’accomplissement ou dans ses extrêmes impacter son intégrité morale et physique quand cette quête de performance est dénuée de cohésion sociale, d’écoute de soi (respect des biorythmes) …
Quand la performance devient source de stress
A différents niveaux et degrés nous sommes tous socialement conditionnés à la performance:
- être performant au travail
- être performant dans l’image de soi
- être sexuellement performant
- être performant à l’école …
« Je hais violemment l’héroïsme sur ordre, la violence gratuite et le nationalisme débile. La guerre est la chose la plus méprisable. Je préférerais me laisser assassiner que de participer à cette ignominie. Et pourtant je crois profondément en l’humanité. Je sais que ce cancer aurait dû depuis longtemps être guéri. Mais le bon sens des hommes est systématiquement corrompu. Et les coupables se nomment : école, presse, monde des affaires, monde politique. » Albert Einstein
De l’éducation à la scolarité, du ressenti individuel à la représentation sociale, de l’appartenance au groupe à l’identité d’une marque … la notion de performance est quasi omniprésente et inculquée depuis l’enfance. Quoi de mieux pour conditionner et manipuler le futur adulte à concevoir l’exigence de la performance comme:
- une qualité,
- une fin en soi,
- un élément de réussite,
- la certitude de s’en sortir,
- un moyen de briller, d’être aimer !
Ce n’est pas tant l’idée de la performance qui pose souci mais le stress ambiant des conditions d’exercice à rechercher la performance et la répétition à l’obtenir au quotidien. Le concept de performance est tellement ancré en soi que même en vacances nous pouvons être de doux dingues de la performance en n’étant pas dans le lâcher prise, en s’imposant un rythme, une image, une efficacité organisationnelle … digne d’un manager au taquet !
Temps de présence et performance
Il y a danger lorsque la performance est un leitmotiv amenant la personne à être dans une fuite en avant où la cohésion psycho-physiologique est réduite à son minimum. Sur la durée, il y a tôt ou tard une issue de victime et/ou de bourreau de la performance.
Si être performant consiste à ne pas être à l’écoute de ses besoins, de nuire à autrui … peut-on alors parler de performance ?
Dans le cadre d’une activité professionnelle sommes-nous performants durant huit heures consécutivement ?
A l’école, les enfants qui enchaînent sept à huit heures de cours sont-ils performants durant tout ce temps de présence ?
Être performant demande de l’attention, de l’intensité, de la détermination, de la disponibilité, de l’implication … à l’image d’un sportif en plein effort, d’un stratège élaborant ses plans … mais il faut distinguer la performance « one shot » de la performance d’endurance.
Distinguons performance de performance
Si réussir une performance « one shot », un challenge … est socialement gratifiant, renforce la confiance en soi, satisfait l’ego … devoir la renouveler sans cesse peut devenir contre performant.
Si à l’occasion d’une situation prévue ou dans une action instinctive nous pouvons être dans la performance, renouveler au quotidien cela devient une source chronique de stress.
Le travail en est l’illustration parfaite par l’abnégation qui s’y rattache quand ce dernier est organisé sur les leviers du stress, des peurs, de l’individualisme, de la pression financière … Impliquant à tout moment l’individu dans un devoir de performance au détriment de son entité humaine, de sa santé.
Travail et performance sont si étroitement liés qu’il est largement admis que souffrir au travail est une conséquence normale, que le travail ça doit être quelque chose de pénible, qu’il faut impérativement en passer par là … allant jusqu’à faire naître la jalousie, les comparaisons, les médisances, les jugements … !
Selon les intentions qui motivent le contrôle, les relations hiérarchiques, les conditions de travail … maintenir un climat de stress dans l’idée de favoriser un état de performance de façon régulière est une forme de management des entreprises toxiques qui voient la technologie comme une solution prioritaire aux dépens de l’épanouissement humain.
« Je crains le jour où la technologie surpassera nos échanges humains. Le monde aura une génération d’idiots. » Albert EINSTEIN
Performance et épanouissement
La performance perd de son attrait lorsqu’elle est recherchée et appliquée en dépit d’une congruence, du bon sens, au détriment de nos éco-systèmes, de la collectivité … Elle finit par devenir une contre performance par le mal qu’elle génère (exemples du dopage chez les sportifs, du gaspillage alimentaire …).
Pour être épanouissante, la performance ne devrait-elle pas être bien plus qu’un objectif à atteindre mais une quête d’harmonie dans la gestion de ses paradoxes qui la composent, un point d’équilibre permettant de maintenir durablement un état de performance et d’épanouissement ?
La performance avilissante finit par rattraper celles et ceux qui la conçoivent et la poursuivent dans sa plus simple compréhension mathématique.
« Le salaire au mérite favorise les performances à court terme, annihile les projets à long terme, installe la crainte, démolit le travail d’équipe, alimente les rivalités et les intrigues. Il rend les gens amers, accablés … Extrait: http://www.agoravox.fr/ Suite de l’article«
Déclaration universelle des droits de l’homme
Article premier : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Système humain déviant dans une nature performante
La nature, la faune et la flore, s’adapte au saisons, aux changements climatiques … aux intensités lumineuses … au printemps elle est très active, elle verdoie … donne des fruits … elle est rythmée selon des cycles. Et l’Homme, depuis la période contemporaine et l’invention de l’ampoule électrique, quelque soit l’âge, la saison … nous instaurons un système qui ne prend pas en compte cela et maintenons globalement le même rythme de vie, d’horaire …
La non prise en compte des rythmes biologiques, de nos besoins de communication … les stigmatisations au travers de la notion du travail, de la performance … ajoutons à cela la mal bouffe, le stress, les organisations et management anxiogènes et l’on obtient le cocktail idéal pour conduire à la contre-performance et au non épanouissement.
Venir malade au travail, sous médication, être en arrêt de travail, en maladie professionnelle, en burn-out … autant d’indicateur qui selon les chiffres officiel annoncent une stabilité dans le taux d’absentéisme des salariés français avec 55% des absences liées aux conditions de vie au travail et seulement 4 salariés sur 10 “heureux et mobilisés” dans leur entreprise.
Coaching et performance
Par ses origines d’application (coaching des hauts dirigeants, coaching des sportifs de haut niveau) et sa représentation médiatique, le coaching symbolise la forme d’accompagnement qui sous tend l’idée ultime du gain de performance.
En coaching le concept de performance est lié au développement, à l’évolution, qu’il peut générer chez de la personne, à comment devenir davantage acteur de sa vie:
- Prise de décision,
- ouverture d’esprit,
- capacité à accueillir le changement
- à atteindre ses objectifs plus en conscience …
Sortir des représentations mentales qui limitent l’expression du potentiel humain et agir en direction de ses rêves, de ses besoins … dans une conscience élargie permettant de:
- maintenir un état d’esprit positif,
- rester enseignable,
- tirer la leçon de ses erreurs,
- devenir responsable,
- développer de meilleures relations, …
Ne cherchez pas à être performant, apprenez à être vous même et vous gagnerez en performance !
« Un être humain est une partie d’un tout que nous appelons: Univers. Une partie limitée dans le temps et l’espace. Il s’expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste, une sorte d’illusion d’optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l’affection de quelques personnes près de nous. Notre tâche doit être de nous libérer nous-même de cette prison en étendant notre cercle de compassion pour embrasser toutes créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté. » Albert EINSTEIN
Ces articles pourraient vous intéresser
Instaurer une gouvernance écologique avec l’holacratie
Relations humaines dans l’entreprise : entre performance et souffrance
Les pratiques managériales les plus innovantes du monde
SCANGA Olivier
Bonjour Christophe,
A nouveau un excellent article.
J’ai noté que tu cite beaucoup Einstein.Peut-tu me conseiller un ouvrage à ce sujet ?
Merci à toi.
Christophe Négri
Bonjour Olivier,
il y a « Comment je vois le monde » et « Pourquoi la guerre »
Merci pour ton commentaire
Bien à toi